
Loin des sols bitumés de la city, lorsque les lueurs de l’aube dévoilent le paradis provençal dont vous avez rêvé tout l’hiver, les arbustes de romarin laissent apparaitre la légèreté multicolore des papillons, l’élégance translucide des libellules et toute une joyeuse jungle de vies imperceptibles à mille pattes. Un langoureux bain de verdure qui peut vite se transformer en cauchemar façon Spielberg. Depuis «Les Dents de la Mer» et «Anaconda», nous fantasmons sur les requins et les reptiles mais la terreur inspirée par certains êtres minuscules plus anonymes peut s’avérer plus effroyable. Les insectes sont capables de s’organiser en milices pour pratiquer une violence gratuite. A la nuit tombée, ils se glissent dans les matelas, bourdonnent, dégoulinent de bave, mordent, piquent, flagellent tout le monde et vous assurent une nuit torride …mais pas celle que vous espériez ! Le dormeur ressort de ce corps à corps épuisé et couvert de boutons hideux, voire de pustules.
Petit bestiaire non exhaustif aux côtés du Dr Strasman, dermatologue à Maison Médicale, de tous ceux qui semblent avoir pour obsession de torturer les vacanciers.
De quels envahisseurs zélés faut-il se méfier sous nos cieux paraît-il cléments ?
Puces et punaises qui colonisent les sommiers de votre gîte rural ; chenilles processionnaires, tiques et fourmis en forêt ; taons, guêpes et leur fratrie d’hyménoptères au-dessus du panier pique-nique ; méduses et vives en mer ; parasites en eaux douce et à toute heure du jour et de la nuit : la femelle du moustique qui, en bonne mère de famille nombreuse suce le sang des randonneurs, injecte sa salive anticoagulante et allergène et fait le stock de protéines pour ses petits.
Les insectes les plus dangereux sont ceux des pays chauds qui transportent des maladies comme le Paludisme, la Fièvre Jaune ou la Maladie du Sommeil.
Comment réagir face à la menace d’une paire d’antennes ?
La prévention reste la meilleure solution : colliers anti-puces pour les animaux de compagnie, vêtements longs, imprégnation de répulsif, bombes insecticides, fumigènes, moustiquaires, voire le petit verre de rosé ou de pastis car selon des chercheurs américains, les suceurs de sang détestent l’hémoglobine alcoolisée ! Il faut rester zen, bannir les coups de serviette au-dessus de la pastèque ou les arts martiaux anti-guêpe (agitation irrationnelle des bras et des jambes accompagnée de jurons suraigus) et ignorer l’ennemi.
Et si malgré cet acte de téméraire stoïcisme vous êtes piqué ?
Pour les piqûres d’abeille la douleur est vive et immédiate et suivie d’une sensation de brûlure : crèmes antiseptiques (diaseptyl, hexomédine), anti-histaminiques, éventuellement corticoïdes sur avis médical. Si le dard est toujours dans la peau, le retirer le plus tôt possible à l’aide d’une carte de crédit ou d’un couteau non tranchant pour ne pas presser le dard et injecter plus de venin dans la blessure. Désinfecter la plaie, prendre un antalgique et appeler le SAMU en cas de réactions allergiques car elles peuvent être graves et provoquer un choc cardiovasculaire. La guêpe, le frelon (et son cousin chinois qui a étendu son terrain de jeu à notre Hexagone depuis 2004), peuvent attaquer plusieurs fois.
La chenille processionnaire est tout aussi piquante. Au contact de la peau, ses microscopiques poils provoquent des démangeaisons, des oedèmes voire des phénomènes généraux. Il ne faut surtout pas essayer de les détruire ou secouer l’arbre.
En cas d’infection parasitaire par des fientes de canards dans les eaux douces de certains lacs : corticoïdes locaux et crèmes anti-histaminiques.
Il est temps de fermer les yeux sous votre parasol … le concert des cigales va commencer !
Francine JOYCE
Paru dans L’Echo Juin – Septembre 2015